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Les trous de mémoire du mouvement étudiant au Québec. L'invisibilisation et l'exclusion des femmes et des étudiants étrangers (1950-1969)

Daniel Poitras, Conférence dans le cadre de la Série de conférences printanières le 4 mai (Spring Lecture Series II)
 
--- MISE À JOUR ---

Dans le cadre de la Série de conférences printanières 2020, une série de visioconférences transatlantiques au sujet de Mémoires de la Diversité – Diversité de la mémoire qui se tient du 27 avril au 29 juin, Daniel Poitras (Université de Montréal) donnera la présentation "Les trous de mémoire du mouvement étudiant au Québec. L'invisibilisation et l'exclusion des femmes et des étudiants étrangers (1950-1969)".

QUAND
le 4 mai 2020 de 10 h à midi HAE et
de 16 h à 18 h HNEC


https://umontreal.zoom.us/j/365688569

Cette séance se tiendra en français, avec une introduction de Michèle Dagenais, Département d'histoire de l'UdeM.

RÉSUMÉ

En se construisant une mémoire, les mouvements sociaux choisissent et mettent en scène des acteurs, des événements et des horizons de leur histoire qui leur permettent d’actualiser le sens d’une cause ou d’une mission. Les historiens qui s’intéressent à ces mouvements sont plus que d’autres aux prises avec une distanciation compliquée par rapport à leur objet. C’est particulièrement le cas avec l’historiographie du mouvement étudiant des années 1950 et 1960, qui nous intéressera ici particulièrement. Fer de lance de l’avenir, autoproclamé modernisateur, progressif et émancipateur, ce mouvement n’en a pas moins généré de l’exclusion et de l’invisibilité, à la fois dans son présent et dans ses reconstructions mémorielles, souvent grâce à la complicité des historiens. Les étudiantes et les étudiants étrangers, sur lesquels je me pencherai dans cette conférence, sont des cas révélateurs de ce décalage entre les discours et les pratiques. La raison de la puissance du récit autojustificateur du mouvement étudiant est qu’il s’est profondément imbriqué dans les récits plus larges de la collectivité. En pleine Révolution tranquille (1960-1966), et par la suite dans le sillage des utopies collectives (indépendantisme, socialisme, etc.), ce mouvement a incarné pour plusieurs l’espoir et la capacité de rêver ou de contester dans un monde idéologiquement essoufflé. Dans la seconde partie de cette présentation, j’explorerai comment les angles morts du mouvement étudiant ont également, d’hier à aujourd’hui, été partagés largement par plusieurs acteurs de la société québécoise. Actualisés de façon tenace en fonction d’élections et de rejets historiques, ces angles morts permettent de comprendre certains refoulements, angoisses et débats contemporains autour d’enjeux tel que la (ou les) mémoire(s), l’interculturalisme mal assumé, le sexisme institutionnel, la victimisation historique et l’internationalisme ambigu de plusieurs Québécoise.s. Je terminerai en évoquant les récentes polémiques et discussions autour des pièces SLĀV et Kanata de Robert Lepage, révélatrices des nœuds mémoriels et d’une « digestion » historique problématique lorsqu’il s’agit de l'intégration et de la mise en scène des « autres » dans l'histoire.

Daniel Poitras est coordonnateur de l'Institut d'histoire de l'Amérique française. Après des études doctorales à l'École des Hautes études en Sciences sociales et à l'Université de Montréal, il a publié "Expérience du temps et historiographie au XXe siècle. Michel de Certeau, François Furet et Fernand Dumont" aux PUM en 2018. Il travaille présentement sur un ouvrage intitulé "L'Université de Montréal. Une histoire urbaine et transnationale".
Pour plus d'information : https://www.history.utoronto.ca/people/directories/all-faculty/daniel-poitras
 
 
 
 
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